Spectacularly
Empty II
création 2003
photo : Antoine Tempé - www.antoinetempe.com
La reprise pour
espace théâtral d’une première création présentée
en 2001 au Cameroun (RETIC) et à Kinshasa.
Chorégraphie, scénographie, lumières et bande son : Faustin
Linyekula
Collaboration scénographie et lumières : Jean-Christophe Lanquetin
Musiques : Arvo Part / Missa syllabica, Kevin Volans / She who Sleeps in a
Small Blanket
Interprétation : Papy Ebotani, Madrice Imbujo, Djodjo Kazadi
Durée : 45 minutes
Coproduction : Les Studios Kabako, La Halle de la Gombé (CCF de Kinshasa),
Forum culturel de Blanc-Mesnil – Scène conventionnée.
.
Avec le soutien de l’AFAA, Programme Afrique en Créations et
du Conseil général de Seine-Saint-Denis.
« De
retour dans mon pays après plusieurs années sur les routes en
Afrique et en Europe…
Première observation : tout Kinshasa ne semble vivre que pour le paraître.
Paraître riche et fort et séduisant, briller à tout prix.
Ainsi, la rue est un spectacle permanent, un spectacle dont l'extravagance
n'a d'égal que les tragédies qui le sous-tendent : car derrière
le costume Versace ou la Mercedes V12, derrière l'immeuble Gécamines
et d'autres éléphants blancs, derrière le grandiose de
la frime officielle ou des sapeurs, qu'y a-t-il sinon le vide, des vides ?
Ventres vides de femmes et d’hommes qui se nourrissent de peurs et de
doutes, caisses vides d'un État fait de ruines et de paludisme.
Comme si, pour satisfaire à son besoin permanent du spectacle, la société
devait se nourrir de tout, jusqu'à sa propre matérialité.
Devenue ainsi une peau vide de sa substance, la vie même se confond
avec cette tentation de la mort - hic et nunc et basta !, vanité essentielle
de l'événement théâtral.
Par quel bout alors inscrire une pièce, de surcroît de danse
contemporaine, dans ce spectacle omnivore qu'est la société
elle-même ? Que peut-on encore proposer lorsque la rue dépouille
le théâtre de son monopole du dérisoire, de l'éphémère,
du brillant et du vide ?
Grandiose et tragique comme un éléphant blanc ; spectaculaire
et vide comme la frime dans les rues de Kinshasa. »
Faustin Linyekula