Sans-titre

Photo : Rosa Frank

Conception et chorégraphie : Raimund Hoghe
Avec : Faustin Linyekula
Collaboration artistique : Luca Giacomo Schulte
Lumière : Raimund Hoghe
Production : Cie Raimund Hoghe.
Coproduction: Festival Montpellier danse 09, Theater im Pumpenhaus, Münster. Avec le soutien des Studios Kabako, de la Ménagerie de Verre dans le cadre des Studiolab, de CulturesFrance dans le cadre d’Afrique en Créations et du Centre Chorégraphique National de Franche-Comté à Belfort.

Voilà dix ans que Raimund Hoghe revient chaque année donner ses créations à Montpellier Danse, inscrivant peu à peu son histoire dans l'histoire du Festival, tissant des liens d'exception avec le public montpelliérain. Cette année, Raimund Hoghe crée Sans-titre avec le danseur chorégraphe de la République Démocratique du Congo Faustin Linyekula.
Sans-titre. En voilà déjà un. Presque un manifeste. On y entend la division de ceux qui n'ont pas tout à fait le droit d'être là : sans-grade, sans-papiers, sans titres de séjour, en transit, entre deux pays, deux mondes, deux cultures... On y perçoit également la référence aux arts plastiques : sans-titre pour nommer ce qui n'a de nom dans aucune langue, l'innommable ou la forme qui s'émancipe du cadre convenu, image échappant à l'image pour mieux captiver l'attention. Pour Raimund Hoghe, créer est un acte engagé. « J'ai choisi Faustin, dit-il, parce que malgré nos différences visibles, se noue un lien invisible et fort, comme une fraternité qui aurait existé à notre insu : nous refusons de nous poser en victimes ou de nous reposer sur notre passé. La création est une lutte, pour laisser nos rêves en vie. » Plus qu'une rencontre entre Afrique et Occident, Raimund Hoghe conçoit Sans-titre comme une confrontation, s'empressant de remarquer, par exemple, à quel point les personnes d'origine africaine sont absentes dans le public de nos théâtres européens. « C'est pourquoi, explique Raimund Hoghe, j'ai choisi d'utiliser la musique classique, symbole absolu de la culture européenne - sans doute Bach ou Purcell - comme un contrepoint... ou un hiatus. Ce que Faustin a accepté : « Cette pièce, avoue-t-il, sera plus politique qu'esthétique. C'est inévitable. »
Propos recueillis par Agnès Izrine.