Le projet Makiso
variations verticales autour d’un espace vide


projet Makiso


« Dans l’espace de mes créations, je cherche toujours à repousser les limites.
Mais pour repousser les limites, vous devez d’abord les définir. Or depuis neuf ou dix ans,
j’ai le sentiment que l’héritage que j’ai reçu, le précieux legs de mes pères, n’est en fait qu’un tas de ruines. Face à un tas de ruines, de quelles limites peut-on bien parler ? C’est comme s’il n’y avait plus de limites, plus de cadre. D’où ma fascination justement pour les cadres. Des lignes bien définies, même si à l’intérieur tout est chaotique. Reste néanmoins ce cadre très clair.
Dans mon pays, le Congo, où tout n’est que désordre, instabilité et chaos, comment trouver un cadre ? C’est ce que je cherche dans l’espace, l’espace performatif… »
Faustin Linyekula, novembre 2006


Le terrain
650 m2 idéalement situés à mi-distance entre le centre administratif et commercial de la ville et l’université, entre des rizières et un terrain de foot municipal.

L’historique
Depuis 2007, nous travaillons sur ce projet avec l’architecte Bärbel Müller, rencontrée en décembre 2006 dans le cadre du Festival New Crowned Hope qui avait coproduit l’une des pièces de la compagnie. Basée à Vienne, Bärbel développe depuis quelques années une réflexion autour d’une architecture en lien étroit avec son environnement et le contexte dans lequel elle s’inscrit, une pratique sensible, mouvante qui naviguerait, c’est un terme qu’elle affectionne tout particulièrement, entre histoires, mémoires, populations, puisant dans l’urbanisme mais aussi dans diverses pratiques artistiques…
Première mission de repérage à Kisangani en mars 08. Depuis, plusieurs réunions entre Vienne et Paris pour définir nos besoins et travailler sur des plans, aujourd’hui plus ou moins définitifs…Bärbel revient en avril 09 pour une seconde mission d’étude des matériaux et du sol et l’identification des entreprises locales partenaires, elle sera accompagnée de Martin Hess, architecte autrichien qui apportera son expertise en matière de résistance des matériaux.

Le cahier des charges
Abriter sur une surface relativement réduite un espace de diffusion polyvalent pouvant accueillir théâtre, musique, danse, projections pour une jauge moyenne de 300 personnes, mais aussi des espaces de stockage technique, un espace administratif (4 postes de travail), un bar, des loges et des sanitaires.
Un signe architectural fort, singulier… beau
L’utilisation au maximum de matériaux locaux : bois, bambou, terre.

La proposition

Trois éléments chacun habitant une fonctionnalité, deux volumes pour circonscrire un espace vide. Deux volumes monolithiques, jouant sur l’ombre et la lumière. Des relations ouvertes entre le dedans et le dehors.
Soit un foyer vertical, pentagone de 12 mètres de haut, un repère visible depuis la route principale, une verticalité dominant les rizières… A la fois repère, barrière, portail, écran, surface de projection et de jeu, point de vue sur la ville, il abritera l’accueil, un espace d’exposition, un bar, des vestiaires… Il est cet « amplificateur » dans la mesure où il multiplie les possibilités du site…
Le cœur du projet : un espace de 400 m2 environ, vide mais circonscrit à l’Est et l’Ouest par les deux éléments verticaux et ouvert sur ses côtés nord et sud. Défini, encadré, il est cet espace des possibles et des libertés, espace vierge volontairement laissé à l’imagination des artistes accueillis. Un sol traité et des solutions souples pour l’abriter du soleil et y permettre des créations lumière…
Un troisième pôle à deux étages abritant les espaces administratifs et d’accueil des compagnies (loges, vestiaires). Le premier et le second étage sont accessibles depuis la façade ouest grâce à un escalier extérieur. Cet escalier s’appuie sur un écrin/bouclier de bois qui servira de filtre acoustique, climatique et visuel. Il permet aussi de créer cet espace interstitiel, entre-deux, avec à chaque étage un espace ombragé, patio suspendu. Cette zone de respiration permettra en outre une régulation de la chaleur.

Les matières
Béton nu, bois, bambou…